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NICOLAS Jean-Pierre

Je suis né à Quimperlé, dans le sud du Finistère, le 3 octobre 1953.

J’ai quitté ma Bretagne en 1974 pour devenir instituteur à Colombes (dans les Hauts de Seine). J’ai été instituteur spécialisé (auprès d’enfants en difficulté scolaire) pendant dix ans. En 1995, je suis devenu directeur d’école (une école de 15 classes et 330 élèves) à Nanterre (92) dans le quartier de la Défense. J’y suis resté six ans et suis, entre temps, devenu « Professeur des écoles ».

En 2001, je suis revenu en Finistère avec ma femme et mes enfants pour me rapprocher de ma mère, malade. J’ai pris la direction de l’école primaire de l’île de Batz (2 classes) où j’ai enseigné pendant sept ans dans la classe élémentaire composée de quatre niveaux).

Et c’est là que je suis tombé dans……. les algues. Et ça ne m’a plus quitté.

Retraité depuis 2008, je vis maintenant sur cette île depuis 20 ans. Et je demeure passionné par ces végétaux qui, chaque jour me fascinent un peu plus.

Ode aux algues !

Dans ma mémoire, les algues remontent à mon enfance et je les détestais. Mes premières rencontres avec elles datent d’il y a environ cinquante-cinq ans, peut-être plus, sur les plages du Kerou ou du Pouldu, à une dizaine de kilomètres de Quimperlé, dans le Finistère sud, où je suis né, il y a soixante-cinq ans.

A l’époque, les algues n’avaient pas bonne presse. Je me souviens que nous, petits baigneurs de l’époque,  les avions prises en grippe. Dans l’eau, elles me faisaient peur. Flottantes, elles me faisaient penser à des tentacules de pieuvres. Sur le sable, elles n’étaient guère plus attirantes. Elles pouvaient dégager une odeur désagréable. Pire, je redoutais le moment où il fallait marcher dessus car c’était glissant, parfois même gluant. Dans les laisses de mer, quand il m’arrivait de les soulever un peu, une vie grouillante apparaissait et m’inspirait un profond dégoût.  Bref, quand il y avait des algues, on évitait la plage tant elles nous rebutaient. Je n’en avais pas gardé un bon souvenir. Elles faisaient partie des « mauvais côtés » de la plage.

Il m’a fallu attendre longtemps, presque cinquante ans, avant de me réconcilier avec elles et de les apprécier.

Ce fut lorsque je suis venu habiter dans le Nord Finistère, sur l’île de Batz, en 2001. J’étais nommé sur un poste d’enseignant et directeur de la petite école de l’île. Très vite les élèves de ma classe me parlent de laminaires. C’est la première fois que j’entends ce mot et ma curiosité est piquée. Je les questionne et ils sont tous très diserts sur le sujet. Je comprends alors que j’ai mis le doigt sur quelque chose d’important. De très important. J’apprends bien sûr qu’il s’agit d’une algue mais aussi qu’une élève a son père qui exerce la profession de goémonier. Je le fais venir en classe pour nous en parler. Et là, c’est le choc ! Je découvre un monde qui m’était jusque-là totalement étranger et qui est fascinant. Je comprends aussi que les algues ont une importance séculaire dans la vie des habitants de l’île. Il y a toujours ici  des bateaux-goémoniers qui exploitent cette richesse aujourd’hui.

Travaillant avec l’I.C.E.M. (Institut Coopératif de l’École Moderne), je fais paraître l’interview du goémonier, Jean-Marie Glidic, dans la revue BTj (Bibliothèque de Travail Junior)  qui s’adresse aux enfants, aux écoles et aux bibliothèques jeunesse. Je décide d’aller plus loin et j’obtiens de l’I.C.E.M. la possibilité de faire paraître une BTj entièrement consacrée aux algues. Je mets mes élèves au travail et cela nous prendra deux ans. Elle sera publiée en janvier 2004 et est consultable sur ecole-ile.de.batz.pagesperso-orange.fr/
Dès lors, les algues ne me quitteront plus. Elles feront désormais partie du quotidien de la classe et donc du mien durant mes sept années d’exercice sur l’île de Batz.

Prenant ma retraite en 2008, je me dis qu’il faut que je fasse quelque chose des connaissances acquises au fil de ces années. J’aimerai écrire un guide pour les enfants (c’est mon domaine, j’ai passé ma vie à enseigner) sur le sujet car combien d’entre eux sont capables de nommer les premières algues qui jonchent l’estran ?

Je me mets au travail et contacte plusieurs éditeurs spécialisés dans la littérature Jeunesse. Tous me répondent la même chose : très intéressant mais pas assez « vendeur ». Je finis par m’orienter vers un ouvrage « tous publics ».

Je contacte l’éditeur Yoran Embanner de Fouesnant (29) qui a déjà réalisé de très belles choses sur la nature en Bretagne.

Il est tout de suite enthousiasmé et me donne les coordonnées de Loïc Tréhin, peintre aquarelliste de Pont-Scorff dans le Morbihan. Loïc a déjà illustré deux ouvrages chez Yoran, Plantes des dunes bretonnes et Plantes des côtes rocheuses de Bretagne (tous les deux écrits par Viviane Carlier). J’aime beaucoup les aquarelles de Loïc et je le contacte immédiatement. Nous nous rencontrons à Pont-Scorff et le courant passe tout de suite entre nous. Nous allons travailler ensemble à un ouvrage sur les algues des côtes bretonnes. J’y décrirai précisément 50 algues communes à nos côtes et assez facilement reconnaissables, et Loïc les illustrera, aquarelle oblige. Il fera plusieurs visites sur l’île de Batz où nous irons identifier ensemble les algues sur l’estran. Il fera beaucoup de photos qui lui serviront de matériau pour, ensuite, peindre. On se verra aussi de nombreuses fois à Pont-Scorff pour faire le point

Au bout de trois années, notre étroite collaboration aboutira à Algues des côtes bretonnes, un ouvrage de 214 pages (avec de nombreux dessins, cinquante aquarelles et aucune photographie), le tout préfacé par Line Le Gall, Maître de conférences au Muséum National d’Histoire Naturelle, Institut de Systématique, Évolution, Biodiversité (CNRS Sorbonne Universités - Paris 5ème). Publié en juin 2018, cet ouvrage se veut à mi-chemin entre un documentaire, un guide et un ouvrage d’art. Après s’être rapidement penché sur les algues dans le monde hier et aujourd’hui, il s’attarde davantage sur l’importance prise depuis très longtemps par ces végétaux en Bretagne. Il nous dévoile ensuite, dans un langage qu’il veut accessible à tous, 50 espèces des côtes bretonnes, presque toutes présentes sur les côtes de l’île de Batz (22 brunes, 24 rouges et 4 vertes).
Désormais en retraite mais toujours pris d’une affection infinie pour ce végétal fascinant, habitant toujours l’île de Batz, et ce depuis vingt années maintenant, je ne fais pas une marche sur la grève sans avoir l’œil rivé sur telle ou telle espèce présente dans les laisses de mer. Parfois j’en ramasse une qui vient s’ajouter à ma « collection » d’algues séchées.

Ayant accumulé, au fil des années, de nombreuses connaissances sur le sujet, j’ai voulu les partager afin que d’autres qui, comme moi il y a longtemps, ont peut-être une répulsion presque épidermique pour ce végétal, finissent petit à petit par le découvrir et l’apprivoiser.

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Textes de Jean-Pierre Nicolas
Aquarelles et dessins de Loïc Tréhin

Les algues sont une ressource d'avenir dans de nombreux domaines comme l'agro-alimentaire, la pharmacie, le textile, les bio-technologies et aussi l'alimentation. Avec ses 2700 km de côtes, la Bretagne possède un atout algual d'une grande richesse.