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LUÇON Bertrand
Né à Nantes en 1971, je dispose d’une formation de linguiste. J’ai étudié l’anglais et l’allemand à l’université de Nantes et j’ai appris le breton ; je m’intéresse aussi beaucoup au gallo, langue romane de la Bretagne orientale.
Ayant développé dès l’adolescence un vif intérêt pour la culture de la Bretagne – quoi de plus normal pour un Nantais ? - et plus particulièrement pour l’histoire linguistique de la région, j’ai commencé à cette période à m’interroger sur la question de la présence historique de la langue bretonne en Loire-Atlantique.
Il me paraissait en effet singulier que le breton soit considéré, selon l’opinion régnante, comme étranger à ce territoire où sa marque est pourtant imprimée dans un nombre considérable de noms de lieux. Je pense en particulier au pays de Guérande où l’abondance des noms en ker est difficile à ne pas remarquer, à des noms de communes comme Guémené-Penfao, Guenrouët, Plessé, Pornic ou Treffieux, mais aussi à ces quartiers de Nantes aux noms bretons manifestes : Le Loquidy et Carcouët.
Dans cette quête d’informations, j’ai été amené à découvrir les travaux d’Aurélien de Courson, Joseph Loth, François Falc’hun, Léon Fleuriot et Bernard Tanguy, auteurs ayant contribué par leurs recherches remarquables à éclairer le passé linguistique de la Bretagne, passé somme toute mal connu en raison de la rareté des sources anciennes explicites : on ne se souciait guère, jusqu’à une période récente, de mentionner la langue employée par la population de tel ou tel endroit. C’est donc de l’étude des noms de lieux que peuvent émerger les réponses à nombre de questions, dont celle de la pratique historique du breton dans un territoire donné.
En 1996, la lecture de l’ouvrage de Jean-Yves Le Moing Les noms de lieux bretons de Haute-Bretagne, paru quelques années plus tôt, a été pour moi une révélation. J’y ai en effet trouvé confirmation d’un certain nombre de choses pressenties en inspectant les cartes d’état-major de la région : il est le premier auteur à avoir, notamment, mis en lumière de façon claire et quantifiable la forte représentation de la toponymie bretonne dans la partie occidentale de la Loire-Atlantique, et par conséquent le maintien tardif de la langue dans cet espace.
Souhaitant toujours approfondir ma connaissance de la toponymie bretonne du Pays nantais et me trouvant limité par le caractère très généraliste des travaux disponibles, j’ai entrepris fin 2005 de dresser un inventaire des noms de lieux bretons de cette zone, décidant en quelque sorte de mettre en pratique l’adage « on n’est j’amais aussi bien servi que par soi-même ».
Face à l’importance et à l’intérêt du corpus qui commençait à prendre forme, j’ai commencé à penser que ce travail pourrait faire l’objet d’une publication. Du simple relevé visant à satisfaire ma curiosité personnelle, je suis progressivement passé à un travail d’analyse étymologique et linguistique respectant une méthodologie précise. Il s’agissait notamment de documenter les toponymes par des formes anciennes tirées de sources anciennes manuscrites : j’ai, pour cela, consulté et photographié aux archives départementales de la Loire-Atlantique, du Morbihan et de la Vienne plus de cent mille pages de documents d’archives, les plus anciens remontant au XIIe siècle et les plus tardifs au XVIIIe. Des milliers d’heures de retranscription d’actes anciens qui m’ont valu de nombreuses nuits blanches et m’ont donné l’opportunité d’éprouver, outre ma propre résistance, celle de mes proches ! Je fais hélas partie de ceux qui ont l’esprit mieux délié à la nuit tombée qu’au petit matin.
Aboutissement de ce travail de bénédictin que j’ai avant tout vécu comme une enquête passionnante, mon ouvrage Noms de lieux bretons du Pays nantais a été publié en avril 2017 chez Yoran Embanner. Comptant 512 pages, il comprend un corpus de 4100 noms de lieux accompagnés de formes anciennes et, entre autres choses, une ébauche d’histoire de la langue bretonne en Pays nantais ainsi qu’une analyse du corpus sous l’angle de la dialectologie. J’ai tenté, dans la mesure du possible, de répondre au plus grand nombre de questions relatives à la présence historique du breton en Pays nantais.
Depuis la parution de ce livre, j’ai continué à travailler sur divers projets d’écriture. J’achève actuellement une étude sur l’anthroponymie, ne faillant donc pas à ma passion pour l’onomastique, et je travaille par ailleurs à un ouvrage proposant une découverte du patrimoine archéologique et bâti ancien du Pays nantais, patrimoine fort méconnu, sur une période courant de l’Antiquité à la fin du Moyen-Âge.
L’écriture, bien qu’elle occupe une part importante de mon existence, n’est pas mon activité principale. Pour parler brièvement de ma vie professionnelle, j’exerce le métier de musicien dans le domaine spécifique de la musique traditionnelle irlandaise, autre expression de mon intérêt pour la culture des pays celtiques. Avant cela je m’étais essayé, dans les débuts de ma vie professionnelle, sans grande conviction ni grand succès d’ailleurs, à divers métiers : vendeur de logiciels de comptabilité, vendeur de bouchons de liège, loueur de matériel de chantier, vendeur de véhicules utilitaires… Fort heureusement, mes passions m’ont rattrapé.
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Enfin un ouvrage à la fois généraliste et précis exclusivement consacré à la toponymie bretonne du Pays nantais