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DANZÉ Jean

Jean Danzé, auteur de Bretons insulaires, bretons armoricains aux éditions Yoran Embanner

Fidèle à la pointe bretonne.

Ma famille trouve ses origines dans le Cap Sizun, non loin de la Pointe du Raz, il y a plus de quatre cent ans. Du côté maternel mes racines sont à Landévennec, où saint Guénolé est venu, autour de l'année 500, fonder son ermitage, qui deviendra la première abbaye de Bretagne. Je suis né en 1946, et comme beaucoup de jeunes de ma génération, j'ai quitté la Bretagne pendant plusieurs années pour mes études à Royan, Cahors et Toulouse. Après de premières expériences professionnelles parisiennes, l'essentiel de ma carrière s'est déroulée au sein du groupe Crédit Mutuel de Bretagne.
J'habite Brest depuis les années 1980.

Très tôt, je me suis intéressé à l'histoire des pays celtiques.
J'ai publié un premier ouvrage, Bretagne pré-celtique, aux origines du peuplement armoricain, chez Coop Breizh en 2001.
Puis un second, en 2011, Le Secret des Menhirs, de Bretagne et d'ailleurs aux Editions La Découvrance, une étude sur la signification de ces colosses de pierre.

J'ai ensuite entrepris de retracer ce qui s'était passé en Bretagne au cours des neuf siècles qui séparent la défaite des Vénètes en 56 avant J.C. de la naissance du Royaume de Bretagne avec Nominoë, vers 850.

Mon objectif était de combler un vide : la fin de l'Antiquité et le Très Haut Moyen-Âge sont bien souvent négligés par les auteurs classiques, qui évoquent l'absence de sources, de données fiables. On en arrive à considèrer qu'il ne s'est rien passé de notable dans notre péninsule armoricaine au cours de la période romaine, et guère plus, plus tard, à l'époque où les Mérovingiens et les Capétiens régnaient sur la Gaule.

Le passé revisité.

La réalité s'avère bien différente, si on reprend la question à la base, en se focalisant sur les textes des auteurs anciens, contemporains des événements qu'ils relatent. Car on constate que les écrits de ces témoins ont été souvent sortis de leur contexte, dénaturés, interprétés, parfois pour les asservir à la défense d'une cause. En effet, en ce domaine, il convient de se montrer vigilant pour ne pas considérer ce passé lointain à l'aune de nos préoccupations ou options partisanes d'aujourd'hui.

Par ailleurs, depuis un siècle et demi, l'archéologie a fait de considérables progrès, sous la houlette de spécialistes alliant rigueur et professionnalisme : universitaires, archéologues, chercheurs. Là aussi, la Bretagne est une terre d'excellence. Nous disposons donc d'éléments concrets susceptibles d'apporter un jour nouveau à la recherche. N'oublions pas la contribution de la toponymie : beaucoup de nos noms de lieux ont gardé le souvenir de ces temps anciens.

Il faut pourtant en convenir, tous ces matériaux n'ont pas toujours été mis en relation avec les faits historiques concernant les contrées voisines de la Bretagne. Notamment les Îles Britanniques, les autres pays celtiques. La Grande-Bretagne actuelle, comme son nom l'indique, est pourtant le pays d'origine des Bretons. L'archéologie montre en effet que la Manche a constitué, dès ces siècles lointains, une « mare nostrum » celtique, vecteur séculaire d'échanges économiques et culturels. Il est donc apparu néssaire d'élargir la démarche à un contexte plus large, aux pays riverains de la Manche comme de la Mer d'Irlande.

Les Bretons d'Outre-Manche chassés de leurs terres.

Car ce qui caractérise surtout la période, c'est l'émigration bretonne : les Bretons des îles britanniques, repoussés par les envahisseurs anglo-saxons, furent contraints de prendre la mer pour venir s'établir en Armorique. L'histoire classique nous dit que cette migration a débuté au IVème siècle, et s'est poursuivie pour s'achever au VIIème. Ce qui est exact, mais pour le moins imprécis. Pour y voir plus clair, il faut réhabiliter la chronologie, et reconstituer ce qui s'est passé Outre-Manche,  comment les Bretons ont lutté pied à pied contre les vagues successives de nouveaux arrivants germaniques. La résistance contre les envahisseurs anglo-saxons sera incarnée par le mythique Arthur : il est probable que, faute d'être roi, vers 500, il était à la tête d'un contingent de cavaliers.

Vers 530, la pression sera telle que beaucoup, pour fuir le conflit, furent contraints de prendre la route de l'exil. Ce sont eux qui franchiront la mer pour venir s'établir en Armorique. Bientôt, ils deviendront dominants sur leur terre d'accueil, et la péninsule armoricaine portera désormais le nom de Bretagne, le pays des Bretons. Ceux-ci sont aujourd'hui à la fois les descendants des anciens Armoricains, bâtisseurs de mégalithes, mais aussi de ces nouveaux arrivants.

Les Bretons en Armorique

Les Bretons apportent la religion chrétienne, peu diffusée jusque là en Armorique. C'est l'époque où les moines de l'Île de Bretagne, traversent la Manche. Ils bâtissent leurs oratoires sur les ilots du littoral. Leur souvenir est resté dans la mémoire des peuples : saint Maudez, saint Tugdual, saint Paul Aurélien, saint Corentin... Ils pratiquent les anciens rites celtiques, tandis que dans les Îles Britanniques, le christianisme romain s'impose. Vers 650, la Bretagne sera la seule contrée qui sera restée fidèle aux usages des premiers Celtes chrétiens. Ce qui incitera des religieux irlandais à se rendre en Bretagne pour continuer à vivre dans la foi de leurs pères.

Nous savons mieux, aujourd'hui, comment les Bretons se sont implantés en Armorique. Ils se sont d'abord consacrés à l'élevage. Puis, au fil des années, ils vont acquérir des terres et les mettre en culture. C'est sur ces bases économiques que se sont constituées des principautés sous l'autorité de chefs locaux. Ceux-ci ne tarderont pas à se heurter à leurs puissants voisins, les rois francs. Pour leur résister, ils se rangeront sous la bannière d'un unique souverain, donnant naissance au Royaume de Bretagne. Celui-ci sera suffisament structuré pour conserver ses spécificités et, devenu Duché de Bretagne, traverser les siècles jusqu'en 1532.

La culture celtique en héritage.

Pendant ce temps, Outre-Manche, les Anglo-Saxons continueront à progresser vers l'ouest. Les Bretons résistent farouchement, mais doivent abandonner leurs terres ou se soumettre. Seuls les Bretons du Pays de Galles et de l'ouest du Cornwall parviendront à sauvegarder leurs libertés, leur langue et leurs traditions celtiques.  

Bretons insulaires et Bretons armoricains parlaient la même langue. Celle-ci a naturellement évolué et donné naissance au breton, au cornique et au gallois, qui comptent aujourd'hui plusieurs centaines de milliers de locuteurs, quinze siècles après leur séparation. Par delà cette communauté linguistique, le plus frappant est sans doute l'intense volonté de ces  peuples à rester fidèle à leur culture celtique, à la faire vivre et à la transmettre.

Genèse d'un livre.

Autant de thèmes qui n'ont pas manqué de retenir l'attention des éditions Yoran Embanner, aux quelles j'ai soumis mes travaux. Il est vrai que cette maison consacre une part importante de ses publications aux ouvrages sur l'Histoire de la Bretagne et des Pays Celtiques. J'ai apprécié leur approche constructive. Ils m'ont, non seulement, apporté leur soutien, mais ont également prodigué leur expertise et leur savoir-faire en formulant d'utiles remarques et suggestions.
Fruit de ce partenariat, le livre Bretons insulaires, Bretons armoricains a été présenté lors du Salon du Livre de Carhaix d'octobre 2020.

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Bretons insulaires, Bretons Armoricains, de Jean Danzé
Neuf siècles d'Histoire de Bretagne de -56 av JC à 851.