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MALLEGOL Pierre Marie

MALLEGOL Pierre Marie

Je suis né en août 1941 à Pleyben, quatrième garçon d’une famille bretonnante qui en comptera cinq.
C’était la guerre, la France était occupée.  

Mes parents, agriculteurs, voyaient « les Boches » emprunter, chaque matin, les chemins de la ferme pour s’entrainer dans la vallée de la Douphine. Le soir, c’est aux abords de la maison qu’ils s’arrêtaient effectuer un dernier exercice avant de regagner le bourg de Brasparts, distant de trois kms. Je les observais et je n’ai rien oublié. Cette période de ma vie s’est gravée à jamais dans ma mémoire.

La paix revenue, la vie reprend son cours.
J’entre à l’école de hameau, ne parlant que le breton. Puis à six ans, c’est l’internat à Brasparts, la rupture avec la campagne. Quelle joie, lors des vacances, de retrouver la vie à la ferme, avec les travaux des champs, les moissons, le jardinage avec ma mère, un art de vivre et de parler, dans notre langue. Ce monde avait ses valeurs, qui m’ont façonné. Mes parents avaient compris très tôt que l’instruction était la clé de la réussite et nous ont permis de poursuivre nos études jusqu’à l’âge de seize ans. 

Brevet en poche, j’ai préparé le Brevet Elémentaire tout en travaillant, comme surveillant d’internat. Puis, service militaire accompli, et Breveté, j’ai entamé ma carrière d’instituteur.

Je me suis investi dans le sport avec mes élèves, les entrainant au football, au cyclisme, leur apprenant le dépassement de soi, l’altruisme, la vie en collectivité. De même j’ai encadré des camps d’adolescents pendant plusieurs étés, organisé avec eux un tour de Bretagne à vélo.

En 1969, j’ai fondé ma famille et cinq enfants vont y naître. 

En 1977, nous sommes parti-prenant de la création de la première école Diwan à Lampaul-Ploudalmézeau et, juste retour des choses, j’y conduirai mon fils, Alan, pour qu’il y apprenne le breton. 

J’ai moi-même été en charge d’initier les élèves à la langue bretonne, à Ploudalmézeau tout d’abord puis à  Porspoder et à Guissény en tant qu’instituteur « itinérant ». J’ai toujours aimé transmettre ce que j’avais appris. 

Je me suis toujours intéressé à l’Histoire, à celle de la Bretagne, à celle de sa langue, à sa culture. Je continue à suivre les combats de ses défenseurs et je participe aux manifestations de soutien aux langues régionales.

En 1997, un accident du travail m’immobilise pendant treize mois. Pour ne pas tomber dans la dépression, mon médecin me suggère d’écrire mes mémoires. Je viens d’être grand-père, et c’est pour mon petit-fils et les autres petits-enfants à venir, que je m’attelle à ce travail d’écriture. Je veux leur transmettre ce qu’était la vie à la campagne : le travail difficile mais aussi la beauté des paysages verdoyants des Monts d’Arrée; la vie simple mais heureuse d’un petit garçon bretonnant, arraché à sa campagne et propulsé dans un univers francisant. 

Ce récit familial n’était pas destiné à être publié mais mes enfants insistent pour que je présente le document à un éditeur. Il sera publié par Emgleo Breiz en 2009, sous le titre  « Miettes de vie aux portes des Monts d’Arrée » et fera écho à ce que quantité d’autres bretonnants ont vécu dans leur petite enfance.

En 2007, Diwan fête ses trente ans.
La presse en fait écho. Mais déjà quelques opportunistes tentent de réécrire l’histoire. Cela me fait bouillir et je commence à rassembler les documents en ma possession dans le but de rétablir la vérité, si besoin. Puis l’idée germe d’écrire l’histoire de la création de la première école, dont j’ai été l’un des premiers acteurs. J’ai occupé le poste de secrétaire de Skol Diwan Lambaol et je fais appel à ma mémoire. Je fouille les archives départementales et les communiqués de la presse locale pour valider mes souvenirs. Le document est prêt pour le quarantième anniversaire en 2017.
Mais je n’ai pas d’éditeur ...
Emgleo Breiz ayant déposé le bilan.
J’entendrai parler de Yoran au Pays Basque… Je lui adresse mon document et le rencontre à Brest. Le courant passe immédiatement. Je découvre un homme passionné et passionnant, militant breton de longue date, intéressé par « l’autre ».
Mon document l’intéresse. 
Quelques mois plus tard, avec le concours de Jean Eric Balnoas  «…et les Bretons créèrent Diwan » voit le jour. 

Merci aux Editions Yoran Embanner

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Pierre-Marie Mallégol

« Vous êtes fous ! Une école en breton ? Vos enfants ne sauront pas parler le français ! »