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Interview de Thierry JIGOUREL
Posté par      05/06/2021 14:43:13     Interviews    Commentaires 0
Interview de Thierry JIGOUREL

Thierry JIGOUREL, merci de nous recevoir pour cet entretien qui devrait permettre à nos fidèles Lectrices et Lecteurs d'en savoir un peu plus sur toi.

Quelles furent les circonstances de ta première rencontre avec Yoran, quand et pour quel livre (si c'est bien pour une telle occasion) ?

Ma première rencontre avec Yoran a eu lieu chez lui, à Fouesnant, voici cinq ans environ. Il m'avait invité à déjeuner avec ma compagne Maelig, pour me proposer la rédaction de l'ouvrage sorti il y a un tout petit peu moins d'un an Fêtes Bretonnes et Celtiques, dont il avait proposé initialement la rédaction à Patrick Malrieu, lequel avait suggéré de me proposer le projet. J'ai accepté avec plaisir parce que j'avais déjà réfléchi et travaillé sur certains aspects de ces fêtes, pour certains autres ouvrages (fêtes calendaires celtiques, festivals, pardons, etc...)

Pourquoi choisir une "petite" maison d'édition plutôt qu'un éditeur plus important, sans doute susceptible de vendre plus ?

Je n'ai pas choisi. C'est Yoran qui m'a élu. Ou choisi. Enfin, qui m'a proposé les thématiques des deux albums que j'ai écrits chez lui. Ensuite je lui ai fait d'autres propositions qu'il a retenues. Je raisonne moins tant en termes de ventes que d'identité de la maison d'édition. Je suis en phase avec Yoran sur la nécessité pour la Bretagne de retrouver ses droits historiques confisqués par la France et donc notre indépendance. C'est la seule solution pour ne pas sortir de l'Histoire. J'aime bien cette tonalité et ce courage chez  Yoran Embanner. Yoran ne m'a par conséquent pas imposé la moindre censure. Au contraire !

Journaliste, écrivain, scénariste de bandes dessinées ... et autonomiste breton.

Je suis un enfant des seventies, de ces années de poudre où les volontaires du FLB posaient des  bombes pour que la question bretonne apparaisse au grand jour et pour espérer un jour libérer le pays. J'ai pris de plein fouet leur message,celui de  Servat,  du Servat de la Blanche Hermine, d'Añjela Duval, du Stivell de l'Olympia, de Glenmor et de tous ceux qui se sont alors levés pour défendre les droits des Bretons en tan tque nation, que nation sans État . Je n'ai pas varié depui . Ce doit être mon adn comme on dit maintenant. Je m'efforce, à travers chacun de mes ouvrages, de défendre cette ligne. De montrer que la Bretagne est une Nation. Une nation sans État et que c'est par la conquête qu'elle est " devenue" française et que c'est par un tour de passe-passe qu'elle a ensuite perdu son autonomie.

Tes deux derniers ouvrages, superbes, parus aux Éditions Yoran Embanner, sont Ces Saints qui forgèrent la Bretagne, et Fêtes Bretonnes et Celtiques. D'où te vient l'inspiration ?

L'inspiration sur ces deux ouvrages vient de Yoran. Moi j'ai mis son projet en forme, creusé, cherché et écrit.

Pourquoi ces deux livres ?

Pour répondre à la demande de Yoran. Mais je pense que leur publication tombe à un moment juste, celui où l'on s'interroge sur la nécessité du sacré et du sacré enraciné, pour celui sur ces saints bretons dont beaucoup sont, selon Le Braz et Renan, des dieux celtiques grands ou petits, légèrement grimés pour être acceptés par la religion dominante. L'homme a besoin de sacré. Et notre sacré à nous est incarné à la fois dans cette religion populaire et le culte de saints que les  protestants, les vrais chrétiens et Rome ont si souvent  condamnés parce que sentant à leurs narines le fagot païen, et le druidisme, même s'il est néo. Ce sont les deux jambes du sacré sur lesquelles marchent les Bretons. Il faut les conforter, car la nature a horreur du vide. A une époque où l'Islam  politique conquiert des pans  entiers de la  société française, la question du sacré, de la religion devient importante. Et c'est en récupérant et en vénérant à la  fois nos  saints nationaux  et nos  dieux celtiques que nous saurons rester nous-mêmes.  Fêtes bretonnes et Celtiques est sorti à une période où l'on s'aperçoit à quel point la fête en soi est essentielle. Comme le sacré. D'ailleurs les deux peuvent se  conjuguer. Comme dans les pardons. L’État français, de même que suivant l'exemple de l’Église, il interdit les pardons lors de la révolution, vient depuis plus d'un  an, pour d'autres prétextes, d'interdire les fêtes profanes et sacrée, créant un grand manque et un profond malaise dans les populations, en particulier chez les Bretons. C'est ce manque qui nous fait prendre conscience de l'importance de la fête chez nous.

Peux-tu lever un coin du voile sur ton prochain livre à paraître ?

Oui , je viens de publier avec  Marco Pellicia, un jeune dessinateur italien, de la région d'Ancône, efficace, talentueux et sympathique, le tome 7  de BREIZH, Histoire de Bretagne en  bandes dessinées. Christophe Babonneau, un dessinateur non moins talentueux et fin con naisseur de l'Histoire de Bretagne, achève ce mois-ci les ultimes planches, colorisées par l'excellent Guillaume Lopez. Il sortira en automne. Ce sera le tome 8 et dernier du cycle. Il traitera des quinze années qui vont des prodromes de la Révolution française à l'exécution du général Cadoudal par le dictateur Bonaparte à qui les Français viennent de rendre un hommage appuyé, à commencer par le président de leur république. J'y  parle bien sûr du sacrifice de nos droits historiques sur l'autel de leur nation, de la résistanc  du Parlement et des États, de celle de Monsieur de Botherel, et de celle du colonel Armand, fraîchement revenu des États-Unis où il s'était battu au côté des indépendantistes républicains. Je travaille actuellement pour Yoran sur un ouvrage sur les saints qui  sont des dieux celtiques, dans un contexte altomédiéval et avec mon propre style. Je m'attache à rétablir leur identité et à leur donner du relief. Je commence aussi une galerie de portraits de femmes celtes courageuses, de Boudicca à Maud Gonne en passant par Jeanne de Belleville, qui  plaît beaucoup à Yoran. Allez  savoir pourquoi! Et je viens de poser les synopsis d'un roman historico-fantastique qui se passe dans la Bretagne du XVIIIe siècleainsi que celui d'un roman plus  fantastico-mythologique qui  se passe de nos  jours ... dans un  quartier de HLM.

Tu dois convaincre un Lecteur de privilégier autant que possible les Éditions Yoran Embanner : quelles sont tes arguments ?

C'est une maison authentiquement bretonne, libre, courageuse, une petite structure et  qui plus est, une entreprise "finistérienne"! Même si je ne reconnais pas trop les départements, j'aime bien ce concept de Finistère. A Fouesnant on est plus éloigné de Paris qu'à Rennes ou à Nantes.

Thierry, merci de ton sympathique accueil et du temps que tu as bien voulu consacrer à Yoran Embanner pour cette rencontre.

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